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Les investissements des entreprises ont fortement augmenté en 2023 et au début de 2024, mais comment les mesurons-nous ?

05 septembre 2024
Entreprises
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Les investissements des entreprises d’aujourd’hui sont le moteur de la croissance économique de demain. Les premiers chiffres pour 2023 et le début de 2024 font état d’une croissance en plein essor, ce qui est un signal positif pour notre économie. Comment l’expliquer ? Et, surtout, comment le mesurer ?

L’expansion des investissements des entreprises a dépassé les attentes en 2023, en partie parce que les entreprises ont recommencé à investir après une période de crise marquée par l’incertitude liée au COVID19, à la guerre en Ukraine et à l’inflation, alors que les conditions de financement ont été moins favorables, notamment en raison du relèvement des taux d’intérêt pratiqués par les banques.

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Un coup d’œil dans nos données révèle que la croissance des investissements a été généralisée. Les investissements des entreprises ont augmenté dans plusieurs branches d’activité, en particulier dans les services de location et de leasing, les services financiers et l’industrie. La croissance aurait même pu être plus vive encore si une compagnie maritime belge n’avait pas subi une restructuration qui a lourdement grevé les investissements totaux en 2023.

Le taux d’investissement – qui rapporte les investissements à la valeur ajoutée des sociétés non financières – a lui aussi fortement augmenté en 2023. Il est supérieur à la moyenne des autres pays de l’Union européenne.

Les investissements des entreprises, qu’est-ce que c’est ?

Les investissements des entreprises sont une composante de notre produit intérieur brut (PIB), qui permet de mesurer la croissance économique. Il s’agit de la somme de toutes les dépenses effectuées par les entreprises pour acheter des intrants qu’elles utiliseront pendant plus d’un an à des fins de croissance, d’innovation ou de rationalisation.

En d’autres termes, ce sont les investissements en machines, logiciels et bâtiments – ce que nous appelons les « actifs ». À cet égard, nous établissons une distinction entre les « actifs tangibles » (c’est-à-dire ceux que nous pouvons toucher, comme les machines) et les « actifs intangibles » (c’est-à-dire ceux que nous ne pouvons pas toucher, comme la recherche). Les actifs financiers ne font toutefois pas partie des investissements des entreprises puisqu’ils ne font pas partie des transactions réelles (c’est-à-dire physiques) qui s’effectuent au sein de notre économie.

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Comment les mesurons-nous ?

Il est impossible de recenser tous les investissements réalisés par les entreprises en Belgique. De plus, nous souhaitons minimiser la charge administrative des entreprises. C’est la raison pour laquelle nous utilisons des données existantes, comme les comptes annuels, les données fournies à l’administration de la TVA et diverses enquêtes.

Toutes les sources ne sont toutefois pas disponibles à la même fréquence. Certaines sont publiées sur une base trimestrielle, tandis que d’autres ne le sont qu’une fois par an, une fois tous les deux ans, voire tous les cinq ans. Nous mesurons donc les investissements des entreprises à différents moments, sur la base de différentes sources et selon plusieurs méthodologies. Nous revoyons donc régulièrement nos estimations, chaque fois que des informations plus détaillées sont mises à disposition et selon un calendrier fixe.

Nous pouvons distinguer quelques moments clés :

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D’après quelles sources ?

Comptes annuels, déclarations de TVA, enquêtes de structure, enquêtes sur la R&D... De quoi s’agit-il ? Et comment concilier toutes ces sources ? Nous assemblons en quelque sorte un puzzle de données complexe, qui évolue au fil du temps.

 
Premières estimations trimestrielles (60 jours et 90 jours)

Les déclarations de TVA, et plus particulièrement la section « achats de biens d’investissement » qu’elles contiennent, constituent une source essentielle pour nos premières estimations trimestrielles. Cette rubrique se rapporte aux achats destinés à une utilisation durable en tant qu’instrument de travail ou moyen d’exploitation au sein de l’entreprise, ainsi qu’aux achats d’un montant supérieur à 1 000 euros.

Nous disposons grâce à cela d’informations sur les achats de machines, de voitures, de camions et de bâtiments, étant donné que les entreprises doivent communiquer ces données aux administrations chargées de la TVA. Toutefois, nous ne possédons pas à ce stade d’informations sur les investissements intangibles tels que la recherche et le développement, ni sur les investissements en logiciels. Nous n’en avons pas davantage sur les désinvestissements (cessions), c’est-à-dire les ventes d’actifs immobilisés. Sans compter que toutes les entreprises ne sont pas tenues de compléter des déclarations de TVA.

Ces dernières sont donc une source précieuse, disponible très rapidement, mais elles présentent des limites. Une complication supplémentaire tient au fait que seuls les deux premiers mois du trimestre sont disponibles dans la première estimation (60 jours). Par ailleurs, certaines entreprises (de plus petite taille) ne sont tenues de déposer qu’une déclaration trimestrielle, si bien que nous n’avons pas à ce moment-là de données les concernant. Nous utilisons donc plusieurs techniques statistiques et prévisionnelles pour pallier – provisoirement – ces limites.

 
Une première fois sur une base annuelle (t+1)

En octobre t+1, nous disposons des premiers comptes annuels comme source d’informations venant compléter les données de la TVA. Ils nous renseignent sur les actifs incorporels et corporels. On y trouve notamment les valeurs d’acquisition, les ventes, les déclassements, les plus-values et les moins-values.

Cela étant, tous les comptes annuels ne sont pas encore disponibles au moment de l’estimation. De plus, beaucoup d’autres sources manquent aussi. Pour contourner – temporairement – ce problème, nous recourons à des techniques statistiques permettant d’estimer la partie manquante.

 
Une deuxième fois sur une base annuelle (t+2)

Un an plus tard, nous procédons à une nouvelle estimation des investissements à l’aide des méthodes et des sources définitives. D’ordinaire, tous les comptes annuels ont été déposés à ce stade, les données relatives à la TVA sont complètes et les diverses enquêtes, telles que l’enquête générale sur la structure des entreprises, sont également disponibles. De quoi affiner l’estimation.

Vous souhaitez en apprendre davantage sur les différentes sources et méthodes d’estimation ? Le chapitre 5.10 de notre « GNI inventory » vous renseignera sur le sujet.

 
Et ensuite ?

L’histoire ne s’arrête pas là. Trois ans après cette date, nous corrigeons encore les estimations pour y intégrer de nouveaux éléments, tels que les investissements en recherche et développement. Belspo – l’office en charge de la politique scientifique en Belgique – mène en effet tous les deux ans une enquête auprès d’un échantillon d’entreprises, dans laquelle elles sont invitées à détailler leurs dépenses en la matière. Cette enquête permet d’affiner la mesure des investissements des multinationales actives en Belgique, souvent très complexes à identifier étant donné les multiples transactions « intra-groupe », entre entités localisées dans plusieurs pays.

Et même passé ce délai, le monde des statistiques n’est pas figé. Ainsi, nous procédons à une révision méthodologique en profondeur tous les cinq ans. Nous suivons également les normes internationales, telles que celles édictées par les Nations Unies et le Système Européen des Comptes (Eurostat) et adaptons nos méthodologies, et donc nos données, en conséquence. C’est la garantie d’un maintien non seulement de la qualité, mais également de la comparabilité internationale des statistiques que nous produisons. Une révision de grande ampleur se profile d’ailleurs à l’horizon 2029, avec l’introduction des nouvelles normes internationales destinées à mieux prendre en compte, notamment, les aspects liés à la digitalisation, l’intelligence artificielle, ou encore la durabilité, dans les statistiques des comptes nationaux.  Nul doute que ceci permettra d’affiner et d’enrichir la mesure des investissements des entreprises dans notre pays.

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