L'activité économique belge devrait progresser de 0,6 % au premier trimestre de 2022

L'économie belge a enregistré des résultats meilleurs que prévu au quatrième trimestre de 2021, en particulier parce que les restrictions liées à la nouvelle vague du COVID ont été moins contraignantes que prévu. L'amélioration de la situation sanitaire et un début de normalisation des chaînes d'approvisionnement, auraient dû soutenir la croissance durant la première moitié du trimestre. Cependant, cet impact bénéfique devrait être partiellement compensé par la nouvelle flambée des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine qui pourraient réduire significativement la croissance à partir de mars. Nous estimons que la croissance s'établira à 0,6 % au premier trimestre 2022.

Selon les statistiques trimestrielles actuelles de l'ICN, le PIB réel belge a augmenté de 0,5 % au quatrième trimestre de 2021. C'est mieux que l'estimation du précédent Business Cycle Monitor (+0,2 %) et légèrement plus élevé que la croissance du quatrième trimestre dans la zone euro (+0,3 %). Ceci étant dit, la décomposition en composantes de la demande n'a pas été totalement conforme à nos attentes. Si la baisse de la consommation privée et des dépenses d'investissement des entreprises n'a pas été une surprise, le recul généralisé de la demande intérieure était inattendu. Seules des contributions positives significatives provenant des stocks et des exportations nettes ont maintenu la croissance en territoire positif au quatrième trimestre.

La croissance de la consommation privée devrait être, dans le meilleur des cas, atone au premier trimestre de 2022. L'amélioration de la situation sanitaire et la suppression progressive de la quasi-totalité des mesures restrictives devraient soutenir la croissance de cette composante de la demande, mais la forte augmentation de l'incertitude au cours de la seconde moitié du trimestre ainsi que la nouvelle flambée des prix de l'énergie auront pour effet de freiner les dépenses de consommation.

Confronté à des vents contraires tels que la hausse des prix des intrants et les goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement, l'indicateur global du climat des affaires poursuit sa tendance baissière. La croissance des investissements des entreprises restera faible au premier trimestre, mais moins que lors des deux trimestres précédents (lorsqu’ils étaient probablement freinés dans une large mesure par des goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement qui ont maintenant commencé à se résorber). De même, les investissements en logements devraient progresser, mais à un rythme très modeste.

La croissance de la consommation publique devrait également revenir en territoire positif au premier trimestre, tandis que le déploiement des plans d'investissement garantit que l'investissement public progressera tout au moins à un rythme modéré. La contribution des exportations nettes à la croissance devrait diminuer sensiblement au premier trimestre.

Le modèle de prévision immédiate de la BNB "BREL" prédit un taux de croissance trimestriel proche de 0,5 % au premier trimestre de 2022, tandis que le modèle "R2D2" est nettement plus optimiste avec un taux de croissance de 1,0 %. Toutefois, l'incertitude liée à ces modèles de prévision immédiate est exceptionnellement élevée, car les chocs massifs survenus depuis le début de la crise du COVID-19 constituent un défi pour l'estimation des modèles de séries chronologiques standards. En outre, les retombées économiques potentielles de la guerre en Ukraine ne sont pas encore pleinement prises en compte par les indicateurs utilisés dans ces modèles.

Plus généralement, l'amélioration de la situation sanitaire couplée au début de la normalisation des chaînes d'approvisionnement, aurait dû soutenir la croissance au cours de la première moitié du trimestre. Cet impact bénéfique devrait être partiellement contrebalancé par la nouvelle flambée des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine qui pourraient réduire sensiblement la croissance en mars.

Au total, l'estimation ponctuelle la plus plausible pour la croissance au premier trimestre semble être de 0,6 %.

À ne pas manquer ! Les auteurs du Business Cycle Monitor (BCM) ont aussi écrit un article de blog. Ils y expliquent comment ils sont parvenus à leurs estimations en temps réel et reviennent sur le degré de fiabilité de leurs prévisions au cours de l’année écoulée.